Chronique / Lavis : sublimer une œuvre

Le lavis en encadrement, des origines à la pratique moderne

Création du lavis

Au XVIe siècle, l'artiste et collectionneur Vasari a lancé la pratique de présentation des dessins et gravures. Il s'agissait dans ce style d'encadrement, d'entourer le dessin de filets sépia, parfois de motifs décoratifs, et la réalisation d'un cartouche sous l'œuvre permettait d'ajouter le nom de l'artiste. Ainsi naissait le lavis, qui est donc une des toutes premières techniques de marge à l'ancienne.

Le lavis aux XVIIe et XVIIIe siècles

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, cette technique s'est développée, permettant d'encadrer des œuvres sur papier à l'instar des tableaux. C'est d'ailleurs à cette époque que naît le fameux "Montage Mariette". Créé par P.-J. Mariette, il met en scène les dessins  avec un marge réalisée dans du papier indigo, sur lequel sont tracés des filets bruns, une fine bande de papier doré et un filet blanc situés près de l'œuvre ajoutent une note délicate. Le traits à l'encre permettent de créer un subtil jeu d'ombres et de relief.

Le lavis de nos jours

Le lavis est moins prisé aujourd'hui. Nous continuons de le recommander pour les gravures et dessins anciens. Il s'adapte toutefois parfaitement aux sujets contemporains (lithographies, dessins à l'encre, sanguines,…). En effet, la technique du lavis, loin d'être figée, évolue en fonction de la créativité des encadreurs et s'adapte aux demandes des collectionneurs au fil du temps.

Les étapes de la réalisation d'un lavis

La confection d'un lavis sur un passe-partout est une opération délicate mettant en jeu le sens des couleurs, le soin et la précision. Le lavis consiste en une série de traits à l'encre, une bande aquarellée avec ou sans écoinçons (pour les ouvertures de forme arrondie), et un filet de papier doré ou argenté entre deux traits d'encre.

En fonction du sujet à mettre en valeur, on va décider du rythme des traits à l'encre (nombre, teinte, épaisseurs), de la teinte de la bande aquarellée, de la nature du filet doré (vif, vieilli, etc.). En général, l'encadreur aura confectionné au fil du temps des gabarits indiquant un éventail de possibilités de lavis. J'en ai ainsi une vingtaine à ma disposition.

Une fois choisis le rythme et les couleurs du lavis, la construction peut commencer sur le passe-partout en contre-collé de qualité soigneusement sélectionnée en fonction du sujet. On trace l'ensemble des lignes au crayon, puis on applique à main levée l'aquarelle. Ensuite, on trace au tire-ligne les filets à l'encre ou au brou de noix. Enfin, on colle le filet de papier doré (2 à 3 mm) entre deux filets à l'encre situés près de l'ouverture du passe-partout.

Variations : traits ombrés et entrelacs

Les entrelacs consistent en une construction de filets tracés à l'encre qui s'entrecroisent sur le passe-partout. Ils peuvent être aquarellés et/ou ombrés. Leur construction géométrique peut s'avérer très complexe. Cette frise décorative vient ajouter un cachet ancien au sujet encadré. Les traits ombrés, quant à eux, permettent un jeu de profondeur. Ils peuvent être exécutés avec une encre foncée dont l'épaisseur varie, mais aussi associer l'utilisation d'une gouache ou encre blanche pour accentuer les effets de reliefs.

Lavis : entrelacs aquarelle et filet doré | Atelier Glaz
Entrelacs aquarellés, traits ombrés, filet doré vieilli. Dessin Indien

Pour conclure

Le lavis est une technique élégante qui accompagne harmonieusement les œuvres anciennes tout en s'adaptant aux sujet contemporains. C'est l'expression absolue de la rigueur et de la créativité inhérentes au métier d'encadreur d'art.

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